Un lourd cheval mécanique dont chaque pas faisait résonner le pavé de la Grande Rue, tour à tour provoqué, menacé ou cajolé par une danseuse légère et versatile qui lui tournait autour telle la mouche du coche. C’est cet étrange spectacle qu’a offert la Compagnie Paris-Bénarès aux Redonnais dans le cadre des animations de Noël, dimanche 19 décembre.
« C’est un vrai cheval, papa ? » Le ton est mi-curieux, mi-inquiet. Il faut dire que le cheval en question est impressionnant, même pour l’auteur de ce texte, qui mesure pas loin de deux mètres pour 100 kilos ; la petite fille qui, juste à côté de moi, vient de poser la question est vite rassurée par son père ; maintenant qu’elle sait qu’il s’agit d’un artifice, elle profite pleinement du spectacle, ses yeux pétillants fixés sur ceux du gigantesque cheval de bois, de poulies et de cordes.
Pendant plusieurs minutes, ce géant entre dans un dialogue étonnant avec une jeune femme qui lui tourne autour avec vivacité. Ces deux êtres si dissemblables s’observent, se jaugent, se confrontent dans un ballet intrigant. Le talent de la danseuse et des trois hommes qui, dans l’ombre, animent le cheval parvient à nous faire oublier un instant qu’il ne s’agit que d’une grande marionnette. Très vite, on parvient à ressentir ses émotions et à les partager : d’abord de la peur face à cette inconnue qui l’agace, puis de la colère quand elle tente de le dominer en lui passant une corde au cou ; mais la relation s’apaise et l’un et l’autre finissent par s’apprivoiser, lentement, peu à peu, jusqu’à partir – j’allais écrire « main dans la main » – côte à côte le long de la Grande Rue, lui de son pas lent (« vitesse moyenne : 1km/h », précise la Compagnie), elle lui tournant toujours autour, mais cette fois-ci pour lui montrer le chemin, l’accompagner et fendre la foule devant lui.
Une déambulation qui reprendra dans l’autre sens à la nuit tombée.
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