Tour de bretagne 1 ©Louis Jamin - 4

Le lundi 25 avril 2022, le Tour cycliste de Bretagne s’élançait de Guenrouët, en Loire-Atlantique, pour une semaine de course. Missionné par le magazine Cactus Pays de Redon, j’ai passé deux jours sur le bord des routes à poursuivre le peloton et à discuter avec les spectateurs.

Ces deux journées ont été très différentes, tout simplement parce que les parcours des deux étapes étaient eux-mêmes très différents. Le premier jour, l’étape faisait des tours dans la campagne de Loire-Atlantique, et j’ai donc pu, au prix de quelques heures de planification, organiser mon après-midi de façon à croiser le peloton en quatre endroits différents. L’occasion d’abord de voir la course évoluer, ensuite de rencontrer plus de spectateurs, mais surtout de multiplier les occasions de faire des photos : l’exercice de photographier une course cycliste étant particulièrement difficile – je l’évoquais dans dans cet article, mais aussi, déjà, dans celui-ci –, multiplier les chances n’est jamais une mauvaise idée.

À Fégréac, peu après le départ de la première étape, Dominique est venu soutenir l’équipe morbihanaise des “Men in Glaz”.

J’ai donc passé l’après-midi à me rendre à un endroit visé d’avance, à y trouver une ou deux idées d’angles, à attendre les coureurs, à prendre mes photos dans les quelques secondes que dure le passage du peloton… et à repartir en courant vers ma voiture pour espérer arriver au point suivant avant les coureurs. Tout ça sans oublier de discuter avec les spectateurs pour donner de la chair à mon article, qui n’avait absolument pas pour objectif de raconter la course en elle-même mais plutôt ses à-côtés. Mes photos aussi ont été pensées dans ce sens : la plupart d’entre elles se concentraient non sur les cyclistes mais sur le contexte dans lequel ils évoluaient. Heureusement, n’étant pas photographe sportif, c’est plutôt ce que j’ai l’habitude de faire dans ce genre de cas, ça n’a donc pas représenté de difficulté particulière.

À Sainte-Reine-de-Bretagne, les coureurs finissent la première étape sur quatre tours d’un circuit passant au pied de l’église, sous les applaudissements d’un public nombreux et enthousiaste.

Le deuxième jour, changement de stratégie : l’étape était complètement rectiligne, filant de Missillac au sud jusqu’à la Chapelle-Bouëxic au nord, sans boucles me permettant de reprendre de l’avance sur les coureurs et de les précéder en plusieurs endroits. Je n’avais donc qu’une seule chance… J’ai décidé, ayant beaucoup mis l’accent sur les gens la veille, de me concentrer cette fois-ci sur le paysage traversé. Il a donc fallu chercher sur le circuit un endroit intéressant à cet égard. Rapidement, j’ai repéré que l’étape passait dans la vallée de la Vilaine autour de Langon, endroit que je connais un peu pour y avoir fait quelques virées par le passé, sans jamais en tirer d’ailleurs de photos intéressantes malgré la beauté des lieux. J’ai donc concentré mes recherches sur ce coin-là. Un exercice amusant puisqu’il consiste à essayer de transformer l’image satellite fournie par Google en une potentielle photo, ce qui n’est pas sans risque. Finalement, j’ai repéré cette boucle de la Vilaine, que l’étape devait longer, et juste en face de laquelle la carte m’indiquait un point de vue. Dans ma tête, l’image s’est constituée immédiatement : la boucle vue de haut, la route qui la longe, le peloton s’étirant sur la route, longue file de points de couleur se découpant sur le gris de l’asphalte… Vu comme ça, c’était idéal. Restait juste à faire la photo…

L’échappée sur une boucle de la Vilaine entre Langon et Guipry-Messac, pendant la deuxième étape.

Le lendemain, malgré une petite blague de mon GPS qui avait décidé de m’emmener non pas au point de vue choisi, mais SUR la route où l’étape devait passer, de l’autre côté de la Vilaine, je suis arrivé à temps sur mon perchoir. Une fois là-haut, tout s’est finalement déroulé aussi bien que possible : une fois le difficile choix du cadrage fait (“j’inclus cet arbre dans le cadre ou pas ? Et le boucle, à quel point je veux qu’on la voie ? Et si j’essayais plutôt en format portrait ? C’est pas dommage de couper la Vilaine sur le bord du cadre ? Et est-ce qu’on verra vraiment les vélos ou pas ?”), il n’y avait plus qu’à attendre. Ça a duré une bonne demi-heure, en plein cagnard sur une falaise dénudée donc sans ombre, à ne pas oser aller chercher un coin de frais de peur de perdre mon cadrage voire de rater le passage de l’échappée… Puis celle-ci est arrivée, annoncée par un hélicoptère et l’habituel balais des motards de la gendarmerie. Deux rafales pour l’échappée, puis deux rafales sur le même angle quelques minutes plus tard pour le peloton, puis un quart de tour sur la droite pour attraper le peloton passant sur la route, et c’était déjà fini. Il ne restait plus qu’à rentrer chez moi, trier mes photos… et rédiger mon petit article pour le Cactus.

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